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DIX ÉCRITS DE RICHARD WAGNER

comme mon ennemi ! Quand je reconnus mon erreur à cet égard, ma tête tombait dans un état qui m’enlevait la responsabilité de mes actions. Je sentis que je n’avais plus rien à faire avec les hommes sensés. Pardonne-moi, et montre-toi plus bienveillant que je ne le fus à ton égard. — Allons ! donne-moi la main, et que cette faute de ma vie soit comme effacée !

Je ne pus résister ; je saisis sa main et fondis en larmes. Cependant, je reconnus combien les forces de mon ami diminuaient. Il n’était plus en état de se dresser : cette rougeur passagère alternait sur ses joues avec des teintes de plus en plus mates.

— Mon cher, occupons-nous d’une petite affaire, reprit-il. Nomme cela, si tu le veux, mes dernières volontés, car je veux d’abord que mes dettes soient soldées. Les pauvres gens qui m’ont reçu m’ont soigné bien volontiers, et ne m’ont guère fait souvenir qu’ils devaient être payés. Il en est de même de quelques autres créanciers, dont tu trouveras la liste sur ce papier. Pour le paiement, je fais cession de tous mes biens ; là mes compositions, ici mon journal, où je portais mes notes musicales et mes caprices. Tu as de l’habitude, mon cher ami ; je me repose sur ton habileté du soin de tirer de ces valeurs de ma succession le meilleur prix possible, et d’employer le produit à l’acquittement de mes dettes terrestres. — En second lieu, je veux que