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III
AVANT-PROPOS

bienveillance de Mme Wagner à qui j’adresse ici mes infinis remerciements.

Humble déterreur d’articles, mon unique but, en faisant paraître ce livre, a donc été — je tiens à cette déclaration — de jeter un vif rayon de soleil sur l’admirable, grandiose et dominatrice figure d’un surhumain, dont plusieurs linéaments sont encore obscurs, et de contribuer, certes indirectement, mais de contribuer cependant à l’édification du futur Art français.

Il existe d’innombrables biographies du maître de Bayreuth. Retracer sa vie de 1839 à 1842 serait donc tout à fait superflu. Je m’attacherai simplement à énumérer en bref certains faits cardinaux, indispensables à la nette compréhension de ce volume.

Désireux de se mêler au monde artistique, de courir fortune et d’acquérir de la gloire, Wagner, ayant abandonné ses fonctions de premier Musikdirector du théâtre de Riga, arriva à Paris, au mois de septembre 1839, avec sa jeune et vénuste femme, Wilhelmine Planer, et un magnifique terre-neuve obéissant au nom de Robber. « Absolument sans ressources et avec une connaissance à peine suffisante de la langue française »[1], mais le cœur gonflé d’espérance, il s’installa dans une maison pauvrement meublée de la rue de la Tonnellerie. La Défense d’aimer et les deux premiers actes de Rienzi composaient son bagage musical. Grâce aux lettres de recommandation de Meyerbeer avec qui il avait contracté amitié à Boulogne-sur-Mer, le nouveau venu entra sur l’heure en liaison avec Anténor Jolly, directeur de la Renaissance, Léon Pillet, directeur de l’Opéra, Habeneck et l’éditeur

  1. L’Œuvre et la Mission de ma Vie (traduction de M. Edmond Hippeau) Paris. Dentu, 1884, p. 41.