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DE L’OUVERTURE

par le besoin de la description musicale à réunir plus de pensées et d’images secondaires que ne pouvait le comporter la forme de l’ouverture telle que lui-même l’avait admise, il a toujours su, du moins, si bien conserver l’unité dramatique de sa conception, qu’on peut lui attribuer le mérite d’invention d’un nouveau genre. Ce genre, on dut lui donner le nom de fantaisie dramatique, et le plus beau résultat obtenu sous ce rapport est l’ouverture d’Obéron. Cette composition est, pour les compositeurs modernes, de la plus haute importance, eu égard à la tendance qu’ils ont prise en traitant l’ouverture. Dans cet ouvrage, Weber a fait un pas qui, avec son grand talent et l’élan poétique de son imagination, ainsi que je l’ai fait remarquer, ne pouvait que produire un brillant résultat. On ne peut nier cependant que l’indépendance de la production musicale doit être compromise quand elle est subordonnée à une idée dramatique qu’on lui impose, alors que cette idée n’est pas rendue à grands traits, dont la largeur ne saurait être un obstacle à la conception purement musicale. Le compositeur ne peut alors peindre les détails dans le développement de son thème dramatique qu’en morcelant son travail musical. Comme je me propose d’insister ultérieurement sur ce point, je me borne à faire remarquer ici que l’ouverture conçue de cette manière tourne nécessairement à la décadence, car elle tombe ainsi de plus