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II
AVANT-PROPOS

Baudelaire, J. K. Huysmans, Stéphane Mallarmé, Catulle Mendès, Paul Verlaine, Villiers de l’Isle Adam, Georges Bizet, Alfred Bruneau, Camille Erlanger, César Franck, Vincent d’Indy, tous poètes, tous révélateurs de l’Idéal,

...l’Idéal cette amour insensée,
Qui sur tous les amours plane éternellement !

Par une incroyable bizarrerie, il est arrivé que le public français possède sur les écrits de Wagner des centaines, que dis-je ?… des milliers d’amples commentaires, d’inintelligibles gloses, d’interminables exégèses, de savantissimes dissertations, tandis que ces écrits eux-mêmes — pourtant, qu’est-ce qui importe davantage ? — il les ignore pour la plupart, faute de traductions. C’est le cas plus que jamais d’alléguer l’apophtegme de Montaigne : « Le monde regorge de commentaires, mais d’auteurs, il en est grand chierté. »

MM. Camille Benoit, Charles Nuitter, Maurice Kufferath et principalement Louis-Pilate de Brinn’Gaubast ont combattu ce mal magnifiquement. Affligé, à l’instar de ces vulgarisateurs, de la grande pénurie des textes wagnériens, j’ai ambitionné comme eux de la faire cesser. Aussi, avant de publier les esquisses dramatiques du Poète-Musicien, que j’ai traduites, ai-je voulu ressusciter les articles naïfs et malins, légers et profonds, toujours extrêmement remarquables, qu’il écrivit de 1840 à 1842, pendant son premier séjour en France, pour la Revue et Gazette musicale de Paris.

La disparition, dès 1881, de la Gazette musicale a rendu rarissime, sinon introuvable, la collection des numéros de cette publication. Depuis longtemps, d’enthousiastes amis, qui m’en savaient possesseur, m’avaient incité à faire revivre ces belles pages. J’ai enfin cédé à leurs sollicitations, fermement convaincu de l’utilité d’une telle vulgarisation, encouragé d’ailleurs dans cette tâche par l’amène