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sous l’influence universelle de l’ignoble, étrange phénomène artistique que nous aurons bientôt l’occasion de caractériser plus particulièrement. En peu de temps, cet excellent exemple fut imité presque partout. Comme on laissait sans contestation l’opéra italien et le ballet, voire même, quand c’était nécessaire, la comédie française, aux cours toutes remplies de bonnes intentions, elles abandonnèrent la direction artistique du théâtre à des hommes experts en matière d’art et la plupart gens du métier : le duc de Weimar la livra à son ami Gœthe ; à Berlin, elle échut à un grand comédien, IIffland. Ce fut une époque pleine d’espérances : une heureuse continuation aurait bientôt démontré les vices de toutes les entreprises théâtrales permanentes ; on aurait bientôt trouvé le vrai remède et découvert le moyen d’organiser le théâtre dans le sens de toutes les institutions véritablement saines de l’Allemagne, qui ont à répondre à des habitudes et à des besoins entièrement différents de ceux, par exemple, du public parisien.

Mais à présent tout cela reçut une autre signification ; Kotzebue avait été assassiné ; un étudiant en costume vieux-allemand l’avait poignardé. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il y avait évidemment quelque chose là-dessous. Dans tous les cas, on jugea à propos d’abolir les habits vieux-allemands et de faire sienne la cause de Kotzebue. Foin de la boutique allemande ! Le théâtre est pour la cour une question de point d’honneur. Arrière, hommes compétents, restez à votre rang d’humbles manœuvres. Le vrai gentilhomme de la cour comprend seul la nouvelle tendance. — Nous connaissons un hobereau de la vénerie qui, à l’âge de vingt-deux ans, fut fait intendant d’un théâtre, par la seule