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caractère particulier de l’art mimique et de ses relations avec les autres arts proprement dits.

Ce qu’un coup-d’œil jeté sur les rapports historiques entre le théâtre et le développement des arts en général révèle si clairement, s’explique d’ailleurs d’une façon tout aussi évidente et aussi convaincante par un examen attentif de la condition théorique des facultés artistiques de l’homme qui entrent ici en relation les unes avec les autres.

Il est manifeste que tout penchant artistique a son origine dans le penchant à imiter, d’où découle ensuite le penchant à reproduire. À l’aide d’une médiation de plus en plus compliquée, le plastique et enfin le littérateur reproduisent ce que le mime imite d’une manière tout à fait immédiate, sur lui-même, et avec la précision la plus frappante. C’est par une intervention renforcée que l’écrivain acquiert le matériel des idées, qui lui sert à construire l’imitation de la vie, et l’artiste plastique le matériel des formes esthétiques : l’illusion qu’on se propose, et sans laquelle on ne peut arriver à aucun effet dans ces différents arts, ne peut donc être produite ici qu’au moyen d’une entente qui s’établit pour l’artiste sur les lois de la technique, pour le public sur un degré d’éducation artistique qui le rende capable de se prêter de son plein gré à ces lois. Maintenant, il est à remarquer que le membre le plus important de la médiation nécessaire à la représentation de l’idée par l’artiste ou le littérateur n’est pas un phénomène immédiat de la vie ; c’est pour l’artiste une circonstance ou un acte de la vie qui a d’abord été soumis à son jugement esthétique par une imitation vivante, pour le poète un phénomène qui lui a, en outre, été apporté