Page:Wagner - Art et Politique, 1re partie, 1868.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 31 —

plastique, avec la littérature poétique, avec tout ce qui tend à la beauté et à l’ennoblissement dans la vie intellectuelle d’une nation ; vous vous étonnez qu’un recul suive immédiatement chaque progrès ! Comment voulez-vous donc avoir seulement une ombre de véritable action artistique sur le peuple, si vous passez devant ce théâtre en haussant les épaules, ou, pis encore, si vous vous y asseyez en clignant les yeux ?

Trêve aux questions ! Maintenant le lecteur entrevoit le but de nos études ; nous nous proposons de montrer l’importance sans égale du théâtre par son influence infiniment pernicieuse ou infiniment salutaire, et, pour assurer son action la plus bienfaisante et la plus élevée, d’invoquer le même exemple royal qui a déjà été si bien donné pour l’art plastique et la science par deux princes éclairés de Bavière.

VII

L’art européen a eu deux principales phases caractéristiques : celle de sa naissance chez les Grecs, celle de sa renaissance chez les peuples modernes. Cette dernière période ne sera parfaitement close, elle n’aura atteint l’idéal qu’après être revenue au point de départ de la naissance. La renaissance a vécu sur les œuvres retrouvées, étudiées et imitées de l’art grec, et celui-ci ne pouvait être que l’art plastique. Elle n’arrivera à la véritable force créatrice de l’art antique qu’en pénétrant jusqu’à la source où lui-même la puisait. L’art plastique primitif des Grecs est aux œuvres de sa floraison