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générale, en dehors des connaissances spécifiques de leur profession. Le roi Maxiinilien II dut se dire en soupirant : À quoi nous servent ces belles productions de l’art, si elles paraissent presque antipathiques au peuple, si elles ont été appelées à la vie contre sa volonté plutôt qu’avec son assentiment ? Faut-il reculer ou marcher en avant ? — Tout son entourage de lfonctionnaires publics lui conseilla certainement de reculer. Il se tut ; mais il s’efforça judicieusement de créer d’abord des fonctionnaires vraiment instruits.

Quand le feu roi Maximilien II montrait une sollicitude incomparable pour la science et la littérature allemandes, on eût dit qu’il cherchait à combler les lacunes nécessairement laissées dans l’œuvre hardie de son père, l’abîme presque effrayant entre les créations artistiques du roi Louis Ier et l’esprit de son peuple. Moins qu’à tout autre homme intelligent, il pouvait lui échapper que la floraison de l’art plastique allemand n’était pas arrivée à une complète éclosion et qu’elle inclinait plutôt vers un dépérissement prématuré. Il dut reconnaître que la cause de cet insuccès était dans le démembrement de la tendance artistique qui n’atteignait pas encore la vie du peuple, comme dans l’exclusivisme de la culture appliquée à une seule branche de l’art.

Il est caractéristique, pour le résultat de nos recherches, d’observer que le roi Maximilien II, si sérieusement préoccupé du bien-être de son peuple, laissa de côté, peut-être avec méliance, l’art dramatique, le seul capable d’embrasser toutes les autres branches et le plus propre à se mettre en contact avec la vie populaire. Il s’efforça, à la vérité, de développer la culture littéraire au théâtre comme ailleurs ; mais il n’aboutit