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sance qui s’est produite dans les domaines les plus importants de l’art pendant la seconde moitié du siècle dernier a fourni la preuve de cette universalité. C’est à ceux qui ont dans leurs mains les destinées politiques de la nation à donner l’exemple de l’appropriation de cette renaissance à l’ennoblissement de la vie publique intellectuelle du peuple, à la fondation d’une nouvelle civilisation vraiment germanique qui étendra ses bienfaits jusqu’au delà des frontières de l’Allemagne.

V

Déjà même, l’impulsion a été donnée. Comme nous n’avons pas l’habitude de bâtir des suppositions en l’air, nous attestons que l’idée de cette mission sublime des princes ne nous serait pas venue, si nous n’avions sous les yeux l’expérience de cet exemple et de ses effets. Est-il besoin de nommer le roi Louis Ier de Bavière pour faire comprendre à quoi nous faisons allusion ? Faut-il rappeler avec quelle énergie peu commune, avec quelle ardeur d’initiative ce souverain éclairé démontra aux autres princes qu’il existait un art allemand, et qu’il était noble et beau de le cultiver ? Il fit célébrer dans des œuvres de l’art plastique le mariage d’Hélène avec Faust et révéla ainsi de la manière la plus palpable la haute vocation de l’esprit allemand. L’exemple ne resta pas sans fruit : d’autres princes, comme saisis de honte, prirent soin d’orner leurs résidences de nobles créations allemandes ; on fit venir les maîtres de Munich ; on leur assigna des tâches auxquelles on n’avait jamais songé auparavant, si ce n’est dans le sens d’un luxe corrupteur que les