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sition avec la tendance centralisatrice de l’empire des Habsbourgs, l’impossibilité de la monarchie proprement dite en Allemagne. Depuis l’essor de l’esprit populaire dans les guerres de liberté, ce vieux penchant pour la fédération s’est réveillé sous toutes les formes ; dans les associations de la jeunesse surexcitée, où il montrait le plus de vitalité, il fut d’abord étouffé violemment, comme ennemi des commodités monarchiques ; mais on ne put l’empêcher de s’étendre à tous les ordres d’intérêts sociaux, intellectuels et pratiques. Nous sommes obligés de reconnaître et d’avouer à regret que l’admirable activité du principe d’union de l’Allemagne ne parvint jamais à acquérir une influence réelle sur la formation de l’esprit public. En fait, nous voyons que, dans le domaine de la science, de l’art, des intérêts sociaux, l’organisation du système allemand trahit la même impuissance que, par exemple, nos sociétés de gymnastique tendant à l’armement du peuple en présence des armées permanentes, ou que nos chambres des députés, imitées de celles de France ou d’Angleterre, à l’égard des gouvernements. Demandons-nous pourtant quelle richesse inouïe, vraiment incommensurable, d’organisation vivifiante la politique de l’Allemagne posséderait en elle-même si, par analogie avec l’organisation de l’armée prussienne dont nous avons cité l’exemple, les éléments disposés à la culture et à la vraie civilisation étaient attirés dans l’orbite du pouvoir où les gouvernements se tiennent aujourd’hui bureaucratiquement renfermés.

En résumé, les dispositions de l’esprit allemand pour l’art sont universelles, comme la mission du peuple allemand depuis son entrée dans l’histoire ; la renais-