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qui par ce lien seul sont sauvés du danger d’être jamais incomprise[1]. »

Comme je serais content de le voir bien prendre cela ! En relisant l’article, je remarquai, il est vrai, quelle distance infinie sépare encore Berlioz de moi, même en cette critique de Beethoven : de son côté, il fait encore beaucoup trop attention aux moments extérieurs de l’œuvre d’art et, par conséquent, il regarde beaucoup trop, ce qui m’est tout à fait inconcevable, au succès remporté par cette œuvre. En même temps, je vis toutefois combien Berlioz se trouve seul même sur cet échelon, et combien il est fou, en pareille situation, de se priver de l’unique réconfort qu’il trouverait à s’emparer sans réserve de qui lui est apparenté. Mais l’envie…, mon Dieu ! !

J’ai beaucoup réfléchi, tranquillement, clairement. J’ai aussi pensé à Liszt. De celui-ci, je ne connais pas un trait qui ne m’en présente une image aimable. Les ombres de sa nature ne sont pas dans son caractère, mais seulement, çà et là, dans son intellect ; de ce côté, il est facilement influencé et se perd en la faiblesse. Depuis longtemps, je ne lui ai plus écrit : même mes profondes condoléances pour la perte de son fils lui ont été transmises par un autre. Je

  1. Voir Bayreuther Blätter 1900, pages 3 et 4 : — Wagner, dans une lettre à Liszt, dit la même chose.