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vous paraîtrait naturel ? Non ! Suivez encore aujourd’hui la voie où je voudrais conduire votre sympathie pour aboutir à un sentiment plus apaisé à mon égard ! Rien ne peut être plus douloureux à mon cœur que d’éveiller une sympathie qui soit un tourment : quand cela sera passé, laissez-moi la belle liberté d’apaiser peu à peu, avec douceur. Tout chez moi s’enchaîne si solidement ! Cela a ses désavantages, car il arrive que des contrariétés banales, et (dans certaines circonstances) très faciles à écarter, peuvent avoir souvent sur moi une influence exagérée ; mais, d’un autre côté, cela présente cet avantage que j’y trouve aussi les moyens de m’apaiser : de même que tout coule vers la suprême tâche de ma vie, — mon art, — de même finalement sort de celui-ci la source claire qui rafraîchit les sentiers desséchés de ma vie. Par le fervent désir de produire un effet d’apaisement sur votre sympathie, je pouvais prendre conscience des plus hautes facultés d’art que je trouve toujours plus heureusement développées dans mes nouvelles œuvres ; et je pouvais vous parler comme du sanctuaire même de mon art, sans la moindre contrainte, sans la moindre fraude amicale même, en toute vérité, en toute franchise.

Ainsi toute ma situation me devient peu à peu plus claire : une certaine issue se présente, tournée vers un côté du monde où l’amitié et