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finir par une brusque rupture. Ce n’est pourtant pas encore la vraie solution ; il faut que je sache attendre jusqu’à ce que cette solution-là se présente et se conforme à mon vouloir. Il me déplaît tant de lui faire la chasse ! Oui ! mes enfants ! Si, à Zurich, en reconnaissance des honnêtes sueurs que j’ai répandues là, vous étiez parvenus au moins à m’édifier un théâtre à moitié convenable, j’aurais eu ce qu’il me fallait pour le restant de mes jours et n’aurais plus rien à demander à personne. Les chanteurs et l’orchestre, si j’en avais besoin pour la première représentation d’une œuvre nouvelle, je me les procurerais bien chaque fois ; à ces représentations seraient invités les directeurs et les chanteurs étrangers, pour qu’ils retirent un enseignement de ma conception… Et, ceci établi une fois pour toutes, je pourrais me dire que j’ai préparé l’avenir et je poursuivrais le cours de mon existence sans plus m’inquiéter de la destinée ultérieure de mes œuvres. Comme cela serait noble et beau, comme cela serait conforme à mon être ! Je n’aurais pas besoin, alors, des princes, d’amnistie, de bonnes ou mauvaises paroles : je serais libre et n’aurais plus aucun souci pour ma postérité. Et rien qu’un théâtre convenable, nullement luxueux. On devrait avoir honte ! N’est-ce pas aussi votre avis ? ?

Bonté du ciel ! Le peu de liberté que j’ai,