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préserver d’autres locataires ! Cette maison est fort bien bâtie, par spéculation, et contient un appartement tout à fait délicieux, dans lequel je désirais beaucoup avoir quelque chose de convenable. Un beau jardin très spacieux : dans le parc et dans l’île en face chantent à l’envi les oiseaux. Les rossignols, à ce qu’on dit, doivent être nombreux, quand vient la saison, au point de devenir assourdissants. C’est ici que je veux attendre la destinée de mes Maîtres Chanteurs !

Grand merci pour votre lettre, par laquelle cependant vous me faites honte : vous avez lu et m’avez écrit trop tôt ! Vous auriez dû me laisser encore bien dans le coin. D’ailleurs je remarquai que, cette fois-ci, vous faisiez connaissance d’un de mes poëmes par la lecture et non directement par moi-même. Le difficile manuscrit a dû également vous occasionner bien de la peine. Oui, c’est autre chose quand il faut s’en tirer par ses propres efforts. Je l’ai déjà lu à différentes reprises, jusqu’ici, la dernière fois pour les grands ducs à Carlsruhe :[1] ils ont bien écouté, quoique pas encore aussi bien que la grande Micky.[2] Les règles de la Tablature les ont fait beaucoup rire. C’est justement mon intention, chère enfant, de provoquer l’hilarité avec tout ce fatras de pédan-

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 362.
  2. Madame Wesendonk.