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où il n’y aurait plus pour moi ni succès ni insuccès…

Je m’en tiens donc à ceci que ce m’est une consolation de vous savoir douée de penchants et dans une situation sociale qui rendent possible à vos souffrances de prendre un caractère idyllique et doux. Pour ma part, je ne m’efforce plus maintenant que d’arranger ma vie extérieure de telle sorte que je puisse satisfaire sans obstacle mon besoin de créer, demeuré aussi vif que jadis. Pour cela, avant tout, il me faut une installation, un intérieur : je veux l’avoir, à n’importe quelles conditions. Car maintenant je puis supporter tout, absolument tout, parce que plus rien ne m’oppresse. La vie, avec tout ce qui s’y rattache, n’a plus absolument aucun sens pour moi. Où et comment ? — m’est devenu immensément indifférent. Je veux travailler : rien de plus ! Car le seul moyen d’être aussi quelque chose pour vous, c’est de n’être plus que pour moi. Je le sais, et vous le savez aussi ! L’horrible et dernière épreuve est endurée : Venise, le retour, et les trois semaines qui suivirent — terribles ! — tout cela est passé… Bon courage, maintenant ! Il faut que cela marche…

Je vous enverrai souvent quelque chose de mon travail. Quels yeux vous feront ouvrir mes Maîtres Chanteurs ! Pour ce qui est