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jeunesse et qu’on n’acquiert pas plus tard. C’est ainsi qu’il s’abîme dans la subtilité oiseuse et les scrupules pénibles. Je crois, chère amie, que, pour ces raisons, il serait important de songer, en prenant votre temps, à un changement : car il est visible, surtout pour celui qui est resté quelque temps loin de vous, qu’il s’agit là d’une maladie qui n’a pas seulement son principe dans de grandes souffrances, mais bien plus encore dans de petites contrariétés…

Peut-être souriez-vous de mes inquiétudes et de mes conseils ? Hélas ! je ne suis point qualifié pour cela, c’est vrai !… Mais, lorsqu’on est occupé à s’aider soi-même, comme je fais tout justement, on devient très présomptueux, on se fie trop à soi-même, en voulant aussi aider autrui : cette présomption, du moins, part d’un bon naturel. Ne m’en veuillez donc pas !…

Pardonnez-moi aussi maintenant mes Maîtres Chanteurs de Nuremberg ! Ils vont prendre un sens tout à fait gentil, et feront bien vite —, dès le commencement de l’hiver prochain, je crois —, le tour des théâtres allemands, où je ne me soucierai guère alors de ce qu’ils deviendront.

La représentation de Tristan demeure mon but principal : si je l’atteins, il ne me restera plus grand’chose à faire en ce monde, et alors je me coucherai volontiers pour dormir