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Pour combler la mesure de mes peines, le petit chien[1] est mort, que vous m’aviez envoyé, un jour, de votre lit de malade : mort rapide et mystérieuse. Sans doute a-t-il été heurté dans la rue par une roue de voiture ; quelque organe interne aura été lésé. Après cinq heures d’agonie, pendant lesquelles il resta toujours charmant, amical, sans pousser aucune plainte, mais s’affaiblissant de plus en plus, il est mort silencieusement. Je ne disposais pas du moindre morceau de terre pour enterrer le brave petit ami : par ruse et par violence, je m’introduisis dans le jardinet de Stürmer, où je l’enterrai moi-même à la dérobée, sous des broussailles . . .

Avec ce petit chien j’ai enterré beaucoup de choses !… Je veux voyager maintenant et dans mes voyages je n’aurai plus de compagnon…

Vous savez tout, à présent !

Je pourrai bientôt vous envoyer un portrait-carte de moi ! Liszt, qui posait ici chez tous les photographes, m’a forcé de poser aussi une fois. Je ne suis pas encore allé chercher ces cartes ; mais cela ne tardera pas…

Bonne santé, humeur sereine ! Mille amitiés cordiales à Otto et aux enfants ! Toute mon affection !…

R. W.
  1. Fips ; voir Glasenapp, II, 2, 330.