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sérieux, cette femme, en fin de compte, n’était pas sans intérêt pour moi. Elle fut aussi la première personne qui — très spontanément — me surprit par une intelligence réellement magnanime de ma situation…[1]

Madame de Pourtalès,ambassadrice de Prusse, a l’air de n’être pas sans profondeur et d’avoir, en tout cas, le goût noble…

J’ai découvert une nature singulièrement énergique en la femme du ministre de Saxe, madame de Seebach… Ce qui me surprit chez elle, c’est un certain feu doux, qui couve sous la lave. Elle ne comprenait pas comment on pouvait n’être point frappé par la prodigieuse ardeur de mes conceptions, et se demandait si elle emmènerait sa jeune fille à Tannhäuser… Voilà de ces connaissances curieuses que l’on fait à présent ! Mais ce ne sont que… des connaissances !…

Ah ! mon enfant… laissons tout cela ! Et, croyez-moi, on se traîne tout juste ainsi, péniblement, bien péniblement, — et l’on se rend compte à peine comment on fait. Tout désir est vain : faire et se tracasser, c’est le seul moyen d’oublier sa misère.

  1. À titre de don, d’hommage personnel tout pur, la comtesse Kalergis rendit au maître, par ses moyens propres, la somme que lui avaient coûté les trois concerts de Paris. Wagner, en témoignage de gratitude, lui offrit les esquisses d’orchestre de Tristan.