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traduira éternellement par la plus cordiale et la plus sincère gratitude.

Mille amitiés.
R. W.



87.

Lucerne, 11 Août 59.
Amie,

Confiant uniquement en une bienveillance qui n’est possible qu’à vous, j’ai le courage de vous occasionner le trouble inoui dont je vous ai fait part télégraphiquement aujourd’hui. Écoutez ! Un départ direct de chez vous pour Paris ne m’est point possible ; à en juger d’après mes appréhensions, je n’ai aucune raison de croire que tous les obstacles seront levés si vite que cela. Je subis différentes impressions, à quoi bon le nier ? — mon humeur est mauvaise, ce dont les souffrances physiques sont la cause principale. Devrais-je me laisser gâter les heures de l’adieu ? De l’adieu qu’aucune circonstance actuelle ne rend pressant encore ? J’en avais réellement peur. Et je me résolus enfin de me réconforter d’abord pendant quelques jours dans l’air des montagnes. Je veux aller sur les hauteurs, et pense arriver demain (vendredi) soir à Righi-Kaltbad, où je veux vérifier s’il me sera agréable de rester quelque temps. Vous aurez de mes nouvelles de là-bas. Si je me décide au départ définitif, je vous l’écrirai et, quoique je n’ose croire à l’exécution de l’ancien projet, j’espère pourtant me présenter chez vous, pour

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