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bruyants : défense aux enfants de venir sur tout l’étage. Joseph aussi a obstrué la porte de la chambre voisine au moyen d’un matelas, et il y a accroché un de mes rideaux, ce qui donne un aspect fameusement théâtral à ma chambre. Dès que j’aurai fini mon travail, la principale nécessité de garder cette demeure aura disparu. À Paris je me cacherai très discrètement dans un garni, et laisserai tranquillement la destinée s’emparer de moi. C’est seulement quand j’ai la tête occupée de mon œuvre à enfanter, que je songe à un berceau riche et distingué. D’ailleurs, ma situation dans la vie me devient de plus en plus claire, et la plus stricte réduction est un devoir. Peut-être vendrai-je alors mes beaux vêtements d’intérieur : vous n’avez qu’à me dire ce que vous en désirez pour votre futur cabinet de curiosités. Voyez-vous, pareilles pensées réductives me viennent dans mon logis dégradant ! Peu importe : Tristan est près de sa fin, et Isolde, je crois, aura également fini de souffrir déjà ce mois-ci. Alors je me précipite avec eux dans les bras des Härtel.

Pour le reste, je ne sais rien absolument de ce qui se passe dans le monde ! Personne ne s’occupe de moi, et cela commence à me rendre de bonne humeur. Dieu ! de combien de choses, de combien de gens on peut se passer ! Seule, votre société, mon enfant, me

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