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J’ai déjà saisi votre « conte de fée », bien que, souvent, je manque de compréhension (vous avez dû vous en apercevoir plus d’une fois). Les fils, avec lesquels vous tissez vos contes, vous êtes allée les chercher si profondément, si judicieusement dans la nature, qu’on ne doit avoir eu les coudes appuyés qu’une seule fois, très attentivement, sur votre terrasse, pour savoir de quoi vous formez ce monde chimérique, où toute la vie se retrouve de si belle façon. Adieu ! Mes meilleures salutations à Wesendonk et merci pour sa pratique prévoyance !

— Adieu ! —
Votre
R. W.


63.

Milan, 25 Mars 59.

Donc, en votre nom, mon amie, j’ai dit adieu à ma rêveuse Venise. Comme un monde nouveau m’entourent les bruits de la rue, la poussière et la sécheresse, et déjà Venise me semble appartenir à un royaume chimérique.

Vous entendrez un jour un rêve que, là-bas, j’ai retenu en musique ! Peu de nuits avant mon départ, cependant, j’eus encore un rêve merveilleusement beau, si beau, qu’il me faut vous le communiquer, quoiqu’il soit vraiment trop merveilleux pour être raconté. Tout ce qui supporte la description est à peu près ceci :

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