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morceaux choisis : certaines quatre lignes m’étaient plus chères que tout le reste, tiré en longueur et manquant de clarté. Ces quatre lignes, vous les devinez ?

Je m’intéresse plus à Schiller : j’ai maintenant un plaisir extrême à m’occuper de lui. Gœthe avait de la peine à se maintenir à côté de cette nature éminemment sympathique. Comme tout ici respire le désir de la vérité ! On croirait que cet être n’a jamais existé, qu’il n’a porté son regard au dehors, que vers la lumière et la chaleur de l’esprit. Sa santé souffrante ne le gênait apparemment pas en cela : à l’époque de la maturité il semble avoir été exempt aussi de toute souffrance morale. Tout paraît avoir été supportable autour de lui. Et puis il y avait encore tellement de choses à apprendre pour lui, tant de choses qui, à l’époque, où Kant avait laissé bien des sujets importants dans l’incertitude, étaient difficiles à acquérir, notamment pour le poëte, qui veut la clarté également dans l’abstraction. À tous les hommes de ce temps il ne manque qu’une seule chose : la musique. Mais ils en ressentaient justement le besoin, ils en prévoyaient la naissance. Cela se révèle souvent avec évidence, notamment là où, très heureusement, on substitue le contraste de la poésie épique et lyrique à celui de la poésie plastique et musicale. Mais la musique a fait acquérir une toute-puissance en

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