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Et ces révolutionnaires étaient poètes, et ces poètes étaient révolutionnaires… Dernier avatar d’une bohème qu’on ne reverra plus sous aucune forme. Car il est bien inutile aujourd’hui de chanter à la jeunesse : Voici les dirigeants qui passent…, cachez vos rouges étendards ! A.l’âge où l’étudiant d’autrefois jetait sa gourme, l’étudiant d’à présent n’aspire qu’à se gourmer… C’est la jeunesse des Écoles… d’apprentissage du pouvoir.

Deux ou trois autres torpilleurs de Maroteau, ayant eu le sort du Père Duchêne, Vuillaïune fondait avec Passedouet, au mois de février 1870, la Misère, (piotidienne comme il convenait, coiume U convient toujours, et qui vécut une semaine. Nous y retrouvons Sornet, Bellenger et le brave Edouard Rouiller, cordonnier comme Gaillard et comme Dereure.

Cependant, l’horizon se couvrait. L’air se chargeait d’orage. Il— tombait déjà cpielques gouttes de sang.

Le 10 janvier, Pierre Bonaparte assassinait Victor Noir. Le 12, cent mille personnes assistaient à ses funérailles. Le 21, Félix Pyat faisait lire au bancjuet de Saint-Mandé son toast : A une petite balle. Le 7 février, Flourens prenait au collet, dans une réunion publique, le commissaire de police Barlet, qu’il promenait en laisse à travers Belleville le lendemain en effervescence. Le II, Mégy tuait d’mi coup de pistolet l’inspecteur de police qui se présentait chez lui pour l’arrêter.

On frappait les journaux, on frappait les journalistes, on frappait l’Internationale… ; mais il n’y avait que l’Empire de touché. Par exemple, il l’était bien. Il ne lui restait cju’ime alternative : saigner Paris qui, au plébiscite, avait voté non en majorité, — ou saigner la