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du grand Mogol.
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Le combat fut aſſez rude au commencement & fort opiniâtré par la valeur extraordinaire que fit paroître Jeſſomſeingue ; car pour ce qui eſt de Kaſem-Kan, quoi que d’ailleurs grand Capitaine & homme de cœur, il ne donna pas de grandes preuves de ſa valeur dans cette occaſion ; quelques-uns même l’accuſoient de trahiſon, en lui imputant d’avoir fait cacher ſous le ſable pendant la nuit la poudre & les boulets, parce qu’aprés les deux ou trois premieres décharges il ne s’en trouva plus ; Quoi qu’il en ſoit, le combat ne laiſſa pas, comme j’ai dit, d’étre fort opiniâtré, & le paſſage bien diſputé. Il y avoit des rochers dans le lit de la riviere, qui embaraſſoient fort ; & la rive en pluſieurs endroits étoit fort haute & fort difficile à grimper. Mais enfin Morad-Bakche ſe jetta dans l’eau avec tant d’impetuoſité & de force, & il fit paroître tant de cœur & de courage qu’on ne lui pût reſiſter ; il paſſa, & enſuite une bonne partie de l’Armée ; ce qui fit qué Kafem-Kan lâcha le pied, & que Jeſſomſeingue fut en grand danger de ſa perſonne, car il ſe vit bientôt tous les ennemis ſur les bras, & ſans la reſolution extraordinaire de ſes Ragipous, qui moururent preſque

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