Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
Histoire des États

retiré, qu’on vit le grand Maître de ſon Artillerie s’aprocher fort fierement de l’Émir, lui faire commandement de la part d’Aureng-Zebe de le ſuivre & le reſſerrer dans une chambre, lui donnant de fort bonnes gardes, tout ce qu’Aureng-Zebe avoit là de gens de main ſe rangeant sous les armes autour de la maison. Le bruit de la detention de l’Émir Jemla ne fut pas ſi-tôt répandu qu’il ſe fit un grand tumulte, & alors tous ceux qu’il avoit amené avec lui, quoi qu’étonnez, ſe mirent en devoir de le délivrer, & l’épée à la main, acoururent pour forcer les gardes & les portes de ſa prison, ce qui leur étoit facile, car Aureng-Zebe n’avoit pas aſſemblé aſſez de troupes pour une entrepriſe ſi hardie, le ſeul nom de l’Émir Jemla faiſoit tout trembler : Mais comme tout n’étoit qu’artifice, tous ces remuemens furent incontinent appaiſez par les choſes qu’on fit entendre adroitement aux premiers Officiers de l’Armée de l’Émir, & par la présence d’Aureng-Zebe qui s’y trouva fort résolu avec ses deux enfans, & qui parloit tantôt à l’un, tantôt à l’autre, & enfin par les promeſſes & présens qu’on leur fit, de maniere que toutes les Troupes de l’Émir, & même la plûpart de celles de

Chah-