dely, le fou ; & il commanda ſecretement un jour que quand on le verroit entrer dans une rue aſſez longue & étroite qui eſt dans la fortereſſe pour venir à la ſale de l’Aſſemblée, on lâchât au devant de lui un Elephant qui étoit en humeur & très-vicieux, & que bien prit à l’Ambaſſadeur de ſauter promptement en bas de ſon Paleky, & d’avoir des gens bien adroits qui avec lui ſceurent tirer des fléches dans la trompe de l’Elephant qui lui firent rebrouſſer chemin.
Ce fut dans le temps que l’Ambaſſadeur de Perſe s’en retournoit, qu’Aureng-Zebe fit cet admirable acueil à ſon Precepteur Mullah Salé ; l’Hiftoire eſt rare. Ce vieillard, qui depuis fort long temps s’étoit retiré vers Kaboul dans des terres que Chah-Jehan lui avoit autrefois données, n’eut pas plûtôt entendu les aventures d’Aureng-Zebe ſon diſciple, qu’il l’avoit emporté ſur Dara & ſur tous ſes freres & qu’il étoit Roi de l’Hindouſtan, qu’on le vit arriver à la Cour en grande eſperance d’être incontinent fait Omrah ; il fait ſa Cour, il brigue, il fait parler tous ſes amis ; il n’y a pas juſques à Rauchenara-Begum qui ne s’employe dans ſon affaire ; & ce-
