Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
du grand Mogol.

turel & ſuivant les premieres idees qu’on leur donne, orgueilleux pour l’ordinaire, arrogans & graves, mais d’une certaine façon d’orgueil & de gravité ſi fade & ſi dégoutante & qui leur fied ſi mal, qu’on voit clairement que tout cela n’eſt que brutalité ou babarie ou la ſuitte de quelque leçon mal étudiée & affectée, ou bien donnans dans de certaines civilitez pueriles qui ſont encore plus fades & plus dégoutantes, ou dans les cruautez, mais dans ces cruautez aveugles & brutales & dans une yvrognerie baſſe & groſſiere, ou dans un luxe ſans meſure & fans raiſon, ou ſe ruinant le corps & l’eſprit avec leurs Concubines, ou abandonnans tout pour ſe jetter dans les plaiſirs de la chaſſe comme des animaux carnaciers, priſans plus une mutte de chiens que la vie de tant de pauvres gens qu’ils font trainer par force à leurs chaſſes, & qu’ils y laiſſent mourir de faim, de chaud, de froid & de miſere ; ſe jettans en un mot quaſi toûjours dans quelque extrémité tout à fait déraiſonnable & extravagante ſelon que les porte, comme j’ai déja dit, leur naturel ou les premieres idées qu’on leur donne, & demeurans ainſi preſque tous dans une ignorance de ce qui concerne

l’E-