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Histoire des États

cachoient pas beaucoup pour entrer dans la maiſon d’un ſimple Cavalier qu’elles ſçavoient être homme d’execution : Que ſi je fuſſe allé en Ethiopie on m’auroit d’abord obligé à me marier comme on avoit fait depuis quelques années un certain Européen qui ſe diſoit Medecin Grec, quoiqu’il fût Padry, avec la fille duquel il pretendoit marier un de ſes fils : Qu’un vieillard d’environ quatre-vingt-ans preſenta un jour au Roi vingt-quatre fils tous en âge de porter les armes, que le Roi lui demanda s’il n’avoit que cela d’enfans, & que lui ayant répondu que non, ſi ce n’étoit quelques filles, le Roi le renvoya fort rudement en lui diſant, Va va vieux veau, tu devrois avoir honte dans l’âge où tu es de n’avoir que cela d’enfans, manque-t-il de femmes en mon Royaume ? Que le Roi avoit du moins quatre-vingt fils ou filles qui couroient pêle mêle dans ſon Serrail, & que c’étoit pour eux qu’il faiſoit faire quantité de bâtons ronds verniſſez faits comme une petite maſſuë, parce que ces enfans étoient ravis d’avoir cela à la main comme un Sceptre qui les diſtinguoit de ceux qui étoient fils de quelques eſclaves ou autres gens du Serrail. Aureng-Zebe les

fit