Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
du grand Mogol.

une Nation puiſſante & capable de s’adreſſer & de ſe plaindre immediatement au Roi. Leur but étoit encore de faire voir l’interêt que le Roi avoit dans leur Commerce ; c’eſt pour cela qu’ils montroient de grands rolles des marchandiſes qu’ils achettent par tout le Royaume, & des ſommes conſiderables d’or & d’argent qu’ils y apportent tous les ans : ſans parler neanmoins de celles qu’ils en tirent par le cuivre & le plomb, la canelle, le clou de girofle, la muſcade, le poivre, le bois d’aloes, les Elephans & autres marchandiſes de Hollande.

Environ ce temps là un des plus anciens & des plus conſiderables Omrahs d’Aureng-Zebe s’ingera un jour de lui remontrer que ce grand embaras d’affaires de toutes ſortes, & cette activité perpetuelle d’esprit pourroit bien encore alterer ſon temperament & incommoder ſa ſanté : Mais Aureng-Zebe ſans faire preſque ſemblant de l’écouter, ſe tourna d’un autre côté, le laiſſa là, & s’adreſſant à un des premiers Omrahs de la Cour homme de bon ſens & homme de lettres, il lui parla à peu près de cette maniere, ſelon que je l’ai peu apprendre du fils de ce Seigneur qui étoit un jeune Mede-

cin