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Histoire des États

d’Etat, ou quand elles ſont extraordinairement belles : mais Aureng-Zebe ſe trouva court dans cette entrepriſe. On ne ſçauroit croire de quelle hauteur & avec quelle fierté Chah-Jehan & Begum rejetterent la propoſition, & même la jeune Princeſſe, qui, dans la crainte qu’on n’entreprît de l’enlever, demeura pluſieurs jours inconſolable, & proteſta qu’elle ſe tüeroit plûtôt cent fois que d’épouſer le fils de celui qui avoit fait mourir ſon pere. Il n’eut pas davantage de ſatisfaction de Chah-Jehan ſur certaines pierreries qu’il lui demandoit pour achever un ouvrage qu’il faiſoit ajoûter à ce fameux Trône qu’on eſtime tant ; car il répondit fierement qu’Aureng-Zebe ne ſe mélât que de gouverner ſon Royaume mieux qu’il ne faiſoit, qu’il laiſſât là ſon Trône, qu’il étoit las d’entendre parler de ces pierreries, & que les marteaux étoient prêts pour les mettre en pouſſiere à la premiere fois qu’on l’en importuneroit.

Les Hollandois ne voulurent pas étre les derniers à donner le Mohbarec à Aureng-Zebe ; ils ſongerent auſſi à lui envoyer un Ambaſſadeur. Ce fut Monſieur Adrican Commandeur, de leur Facturie

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