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Histoire des États

river quelque deſordre ; qu’on le pourroit faire ſauver, & qu’outre cela ce ſeroit faire un deshonneur bien grand à la famille Royale : les autres ſoutinrent le contraire, qu’il étoit abſolument neceſſaire qu’il paſſât par la ville, afin d’étonner le monde, de montrer la puiſſance abſolue d’Aureng-Zebe & deſabuſer le peuple, qui pourroit toujours douter que ce fut lui méme, comme pluſieurs Omerahs en avoient encore quelque doute, & ôter toute eſperance à ceux qui conſervoient encore quelque affection pour lui. L’opinion de ces derniers fut ſuivie ; on le mit ſur un Elephant, ſon petit fils Sepe-Chekouh à ſon côté, & derriere eux étoit aſſis Bhadur-Kan au lieu de bourreau. Ce n’étoit plus un de ces ſuperbes Elephans de Ceilan ou de Pegu qu’il avoit accoûtumé de monter, avec des harnois dorez & des couvertures en broderie, & des ſieges avec leurs Dais tous peints & dorez pour parer du Soleil ; ce n’étoit qu’un vieil & miſerable animal tout ſale & tout vilain, avec une vieille couverture toute déchirée & un pauvre ſiege tout découvert ; on ne lui voyoit plus ce collier de groſſes

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