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du grand Mogol.

celle de ceux qui les conduiſoient ; Quoi qu’il en ſoit, un matin qu’on ne penſoit à rien, tout ce pauvre monde ne ſongeant qu’à ſe rafraichir, & croyant bien être en ſeureté ; voilà que ce Traitre qui avoit travaillé toute la nuit à faire venir des gens armez de tous côtez, ſe jetta ſur Dara & Sepe-Chekouh ; tue quelques-uns de ſes gens qui ſe voulurent mettre en défence ; n’oublia pas de faire ſerrer ces charges de mulets & ſe ſaiſir de tous les joyaux des femmes, le lia & le garota ſur un Elephant, faiſant aſſeoir un bourreau derriere avec ordre de lui couper la tête au moindre ſigne, ſi l’on voyoit qu’il voulût reſiſter, ou que quelqu’un voulût entreprendre de le délivrer ; & dans cette étrange poſture l’emmena à l’Armée de Tatabakar, où il le mit entre les mains de Mir-Babale General, qui le fit conduire accompagné de ce même Traitre juſqu’à Lahor, & de là à Dehli.

Lors qu’il fut à la porte de Dehli, Aureng-Zebe mit en déliberation ſi on le feroit paſſer par le milieu de la ville, ou non, pour le mener de là à Goualeor ; plufieurs furent d’avis qu’il s’en falloit bien garder ; qu’il pourroit ar-

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