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du grand Mogol.

à une journée d’Amed-Abad, eſperant le lendemain ou après entrer dans la ville pour ſe rafraichir & tâcher encore une fois d’y maſſer quelques forces ; mais tout devient contraire aux vaincus & aux malheureux.

Le Gouverneur qu’il avoit laiſſé dans le Château d’Amed-Abad, avoit déja reçû des lettres de menaces & de promeſſes tout enſemble de la part d’Aureng-Zebe ; il avoit perdu cœur, & s’étoit laiſſé lâchement gagner. De ſorte qu’il écrivit à Dara qu’il n’aprochât pas davantage, qu’il trouveroit les portes fermées, & que tout y étoit en armes. Il y avoit déja trois jours que j’avois rencontré ce Prince par le plus grand hazard du monde, & qu’il m’avoit obligé de le ſuivre, parce qu’il n’avoit point de Medecin, & le ſoir de devant le jour qu’on lui aporta cette nouvelle, il avoit eu la bonté de me faire entrer dans le Karavan-ſerrak, où il étoit, craignant que les Koullys ne m’aſſommaſſent la nuit ; & ce qui eſt aſſez difficile à croire dans l’Hindouſtan, où les Grands principalement ſont ſi jaloux de leurs femmes, j’étois ſi proche de celle de ce Prince que les cordes des Kanates ou paravents

qui