Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
Histoire des États

J’en ai veu d’autres qui ſoûtiennent qu’il n’eſt rien de tout cela, & que ce billet qu’Aureng-Zebe fit ainſi voir à tous n’étoit que pour jetter un peu de poudre aux yeux du peuple, & tâcher de ſe juſtifier en quelque façon d’une ſi étrange action, & en jetter la faute ſur Chah-Jehan & ſur Dara, comme ayant été forcé d’un uſer de la forte. Ce font chofes qu’il eſt aſſez difficile de bien découvrir au vrai ; quoi qu’il en ſoit, ſi-tôt qu’on vit Chah-Jehan reſerré, quaſi tous les Omrahs furent obligez de venir faire la Cour à Aureng-Zebe & à Morad-Bakche, & ce qui eſt preſque incroyable, il n’y en eut pas un qui eût le cœur de branler ni d’entreprendre la moindre choſe pour leur Roi, pour celui qui les avoit fait tels qu’ils étoient, & qui les avoit tirez de la pouſſiere & peut-être de l’esclavage même, comme il eſt aſſez ordinaire à cette Cour, pour les élever aux richeſſes & aux grandeurs. Veritablement il y en eut quelques-uns, comme Danecḥmend-Kan & quelques autres, qui ne prirent aucun parti, mais tout le reſte ſe declara pour Aureng-Zebe.

Il faut neanmoins remarquer en paſ-

ſant