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drap rouge, sur laquelle on plaça les mets qui n’étoient destinés que pour lui seul, et dont il mangea de fort grand appétit. Quant à moi, ce ne fut qu’avec répugnance et par simple bienséance que je goûtai d’une partie de ce qu’on me servit, qui étoit du poisson confit dans du sucre. Heureusement que le commandant s’étoit muni de quelques bouteilles de vin et de bierre, que nous aurions attendu inutilement de la part du roi, et qui servirent à nous désaltérer pendant ce bisarre repas.

Durant le dîner, le roi lacha souvent des vents par la bouche ; les hommes de notre société imitèrent tous à l’envi son exemple ; ce qui me surprit infiniment. On m’a dit depuis que c’étoit là une étiquette de la cour de Bantam, pour prouver qu’on mangeoit beaucoup et de grand appétit ; ce qui étoit fort agréable au roi.

Après qu’on eut ôté ce service, on mit sur la table trois grands plats chargés de toute sorte de pâtisseries et de sucreries ; ce qui flattoit mon goût ; mais le roi et les quatre reines sembloient en faire peu de cas.

Pendant ce tems, on porta aux courtisans, qui étoient assis à l’autre bout de la salle, de grandes jattes de porcelaine remplies de riz et