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d’or, qu’elle présentait de tems en tems à sa majesté.

Aussitôt que nous fûmes assis, on nous présenta des pipes et du tabac ; après quoi le commandant et le délégué de la Compagnie entamèrent avec le roi une conversation en langue malaise sur des objets indifférens. Le roi fit ensuite appeler le pangorang, ou premier ministre de ses états, qui, comme je l’ai dit, étoit assis à la tête des courtisans dans la partie basse de la salle. Celui-ci se traîna baissé le long de la terre jusqu’à ce qu’il fut arrivé devant le fauteuil du roi, où il resta assis par terre. Il répondoit souvent aux questions que lui faisoit son maître par le seul mot d’inghi, lequel, en langue javanoise, veut dire oui. Comme j’entendois fort peu la langue dans laquelle se tenoient ces discours, le tems me parut long et l’ennui me gagna.

Vers les onze heures et demie, on mit sur la table une nappe blanche de toile de coton, laquelle se trouva à l’instant couverte d’une infinité de petits plats contenant toutes sortes de mets apprêtés à la manière indienne, la plupart avec du poisson et des poulets, confits dans du sucre, du vinaigre ou du tamarin, suivant le coutume du pays. On étendit sur la table devant le roi une pièce carrée de