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blanches que ne l’étoit aucune de ces quatre femmes légitimes du roi. Leur habillement, qui consistoit en une longue robe de belle toile des Indes, laquelle leur tomboit jusque sur les pieds, n’étoit rien moins qu’élégant. J’en parlerai dans la suite.

Leurs cheveux, d’un noir d’ébène, étoient relevés parfaitement lisses le long de la tête et rassemblés par derrière en forme de bourrelet, qu’on appelle ici condé. Ils étoient d’ailleurs richement ornés d’or et de pierres précieuses. Ces quatre reines étoient assises, comme nous, sur des chaises, quoique cela soit absolument contre la coutume de ces peuples, qui sont accoutumés de s’accroupir par terre avec les jambes croisées dessous le corps. Elles causoient familièrement, en langue malaise, avec nos dames, tout en mâchant le pinang ou bétel ; en quoi ces dernières leur tinrent fidellement compagnie. Le roi, que nous nommions touang-sultantt, ou seigneur-roi, me parut avoir quarante-cinq à cinquante ans. Son tein étoit d’un brun marron ; son air et ses manières m’ont paru engageantes et affables. Une petite barbe ornoit son menton, et ses cheveux noirs étoient un peu frisés. Il étoit plutôt svelte que gras, et d’une stature moyenne. Son habillement consistoit en une longue