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transporta à bord dans des allèges, sur lesquelles on plaça des préposés pour empêcher qu’on n’en détournât ; car les Bantamois sont fort enclins au vol et en même tems fort adroits. On compte ici par bharens ; chaque bharen pèse trois picols ; et chaque picol est évalué à cent vingt-cinq livres.

Pendant qu’on étoit occupé au chargement du poivre, je fis, avec les personnes de ma société, quelques tournées vers l’un ou l’autre bazar ou marché, où l’on vend toutes les espèces de denrées que produit le pays, mais principalement des comestibles. Nous nous rendîmes aussi à un endroit situé à une lieue et demie de Bantam, appelé Grobbezak. C’est un ancien bâtiment fort dégradé, placé sur un terrain carré d’environ cinq à six arpens, entouré d’une nappe d’eau de trois cents pieds de large au moins. Il y avoit autrefois un pont, dont nous vîmes encore les restes dans l’eau ; mais personne ne visite plus aujourd’hui cette espèce d’île, à cause des caymans ou crocodiles qui se tiennent, dit-on, dans cette eau : nous n’en vîmes cependant aucun. Les gens du pays s’imaginent qu’on ne pourroit séjourner dans ce bâtiment, qui est habité, disent-ils, par de mauvais esprits. Il y a lieu de croire qu’il a été construit par les Portuguais.