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découvrîmes le 21, un peu avant le coucher du soleil, une petite île fort basse, à la distance tout au plus de trois milles, que nous reconnûmes, d’après l’estime de notre latitude, pour l’Ile au Banc de sable, à laquelle on a donné aussi le nom d’Île-Triste, à cause de sa petitesse, et parce que des vaisseaux y ont échoué autrefois. Il fut heureux que nous l’eussions découverte avant la nuit ; sans cela nous aurions couru risque de donner sur la côte ; car il auroit été impossible de nous imaginer que les courans eussent pu nous entraîner si loin à l’ouest : ce que nous trouvâmes être de trente milles au moins depuis cinq jours, que nous avions pris la hauteur de l’île d’Engano.

Nous alarguâmes sur-le-champ, en dirigeant par un petit vent d’est-nord-est ; cependant nous nous en trouvâmes encore fort près le lendemain à la pointe du jour ; de sorte que pour peu que la nuit eût durée, nous courions risque d’y échouer, étant entraînés vers les côtes par de très-rapides courans. Nous fûmes donc obligés, pour éviter le danger dont nous menaçoient et les calmes et la dérive, de nous écarter de notre route et de gagner le large.

L’Île-Triste est, comme nous l’avons dit, fort petite et fort basse ; vue à la distance de