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sous le tilac, et j’envoyai sur le champ un officier du quart pour voir ce qui pouvoit lui être arrivé ; mais les gens de l’équipage qui se trouvoient près de moi me dirent qu’ils avoient déjà entendu plusieurs fois un pareil bruit s’élever de dessous l’eau. En effet, ayant prêté l’oreille, ces mêmes sons plaintifs se répétèrent encore dix à douze fois ; après quoi ils foiblirent à mesure que le vaisseau faisoit route, jusqu’à ce qu’ils cessèrent enfin tout à fait. Je m’imaginai que ce bruit devoit être attribué à quelque lion marin qui se trouvoit dans le voisinage du vaisseau ; ce qui me parut d’autant plus vraisemblable qu’on disoit que ces animaux avoient été vus proche de l’île de Saint-Paul ; quoique nous n’eussions alors rien apperçu qui ressemblât à quelque animal.

Environ une heure après, le canonier du vaisseau étant venu pour me faire quelque rapport, il me dit que, pendant un des voyages qu’il avoit faits aux Indes, il avoit, avec le reste de l’équipage, entendu un semblable bruit, et que, peu de tems après, ils s’étoient vus assaillis par une violente tempête, qui ne leur avoit pas permis de porter aucune voile pendant vingt-quatre heures. Cela nous arriva de même : avant quatre heures du soir, nous fûmes obligés d’amener toutes nos voiles et