Page:Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gagné la mer. Cela nous obligea de bordayer inutilement pendant trois jours pour doubler le Cap. Le 15 du même mois, le vent ayant passé au nord-ouest, nous courûmes d’abord au sud, et ensuite un peu plus à l’est, ce qui nous fit dépasser le banc des Aiguilles et le Cap même ; mais nous trouvâmes que le vaisseau faisoit beaucoup d’eau ; nous fûmes donc obligés de faire aller les pompes, pour ainsi dire, à tous les quarts, chaque fois que nous forcions un peu de voiles.

Le 20 nous vîmes, pendant la nuit, un arc-en-ciel en opposition de la lune, lequel jetoit une lumière vive, mais il n’offroit à l’œil aucune couleur déterminée. Le 24 nous essuyâmes un gros tems du sud-ouest, avec une mer fort haute, ce qui dura jusqu’au soir du lendemain ; de sorte que nous fûmes contraints, le 24, de mettre en panne, parce que nous faisions eau, et que nous ne pouvions plus marcher contre le vent, qui étoit accompagné de grêle, dont quelques grêlons avoient la grosseur d’un œuf de pigeon. Pendant que nous avions ainsi le cap au vent, la voile d’étai, qui étoit la seule que nous portions, fut désorlée ; ce qui nous contraignit à déployer la voile d’artimon, quoique nous eussions à craindre de voir le mat coëffé et jeté en mer