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rissée de rochers noirs piramidaux ; de sorte qu’il est impossible de la gravir de ces côtés-là.

Après nous être arrêtés pendant plus de quatre heures sur le plateau, nous nous déterminâmes à le quitter, environ vers le midi. Après que nous eûmes fait une demi lieue, en descendant la montagne, nous trouvâmes une grotte formée par une rentrée dans le rocher et par des pointes de pierre qui projetaient fort en avant, que nous n’avions pas apperçue en montant. Cette grotte étoit tapissée d’une herbe courte, et dans le fond jaillissoit du rocher même une source d’eau douce et limpide. Nous nous y reposâmes pendant une demi-heure sur l’herbe, et mangeâmes le reste de nos provisions ; après quoi nous continuâmes, avec un nouveau courage, à descendre la montagne.

Si la montée avoit été pénible et dangereuse, il en fut bien autrement encore de la descente. Comme nous étions obligés de jeter sans cesse les yeux autour de nous pour trouver l’endroit où il falloit poser nos pieds, notre vue plongeoit à chaque instant dans le fond de l’affreux précipice qui étoit au-dessous de nous, ce qui nous causoit des vertiges. Le moindre faux pas étoit beaucoup plus dange-