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court grand risque de tomber dans le précipice.

Enfin, à sept heures et demie, nous nous trouvâmes rendus sur la cime de la montagne de la Table, qui en emprunte son nom, parce que, vue d’en bas, cette cime paroît unie et ressemble assez à une table.

Ici nous eûmes le plus beau spectacle qu’il soit possible d’imaginer. Le tems et le vent nous étoient également favorables pour en jouir : le ciel étoit serein, et tous les objets se trouvoient éclairés par un beau soleil. Du côté de la terre, la vue étoit bornée par les hautes montagnes de la Hollande Hottentote ; au sud, la baie Falso se présentoit à nos yeux jusqu’à sa pointe orientale, et nous voyions briller au milieu de son sein le rocher appelé le Romans-klip. Entre la montagne de la Table et la mer étoient les jardins de Constance. Plus loin s’offroit à nos regards la baie au Bois (Hout-baai), et, en tournant un peu vers l’ouest, la montagne du Lion (Leeuwenberg), dont la tête, quoique fort haute, ne nous paroissoit qu’une colline, à cause de l’extrême élévation où nous étions alors : elle sembloit se trouver dessous nos pieds, quoique la distance en soit de près de trois cents pas. La Croupe du Lion ( Leeuwenstaart),