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et escarpés, qui formoient une espèce de muraille ; et à la droite un profond précipice, dont l’aspect étoit effroyable. En gravissant ainsi, nous nous tenions à de petits arbustes qui croissent entre les crevasses des rochers. Ce manège nous obligeoit à prendre de nouvelles forces toutes les fois que nous rencontrions quelque endroit un peu plus large. Plus nous avancions vers la cime, et plus aussi le sentier devenoit rude ; de sorte que nous avions assez de peine à nous cramponer aux rugosités de la montagne, pour ne pas tomber dans cette terrible profondeur. Lorsque la situation le permettoit, nous faisions rouler de tems en tems quelques grandes pierres dans le précipice, entre les deux parois à pic de la montagne, où leur chute retentissoit d’une manière effrayante : ça et là nous trouvions de masses de pierre d’une vingtaine de pieds en carré, que le tems avoit détachées du corps de la montagne. Le sentier même que nous parcourions n’étoit composé que de pareilles pierres, qui servoient à rendre notre marche fort difficile et même dangereuse, par les angles aigus qu’elles présentoient à nos pieds. Quand on détache une de ces pierres, il en suit plusieurs autres ; de manière que si l’on ne se tient pas fortement aux arbustes, on