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cause et l’est encore actuellement que la colonie s’étend de jour en jour davantage ; de sorte qu’on trouve, à ce que m’ont dit des gens dignes de foi, des cultivateurs à plus de deux cents lieues dans l’intérieur des terres, à qui il faut un mois pour se rendre de leurs habitations au Cap avec leurs voitures attelées de bœufs.

Les habitans de la ville du Cap, tant de l’un que de l’autre sexe, sont bien faits, et leur tein vermeil annonce la santé dont ils jouissent. Parmi les femmes il y en a qu’on peut regarder comme belles ; elles sont communément plus spirituelles que les hommes. Leurs manières sont aisées et libres ; on peut dire même qu’en général elles sont fort adonnées aux plaisirs. Elles aiment beaucoup la compagnie des étrangers, particulièrement celle des Anglois, qui n’épargnent aucune dépense pour leur donner des fêtes ; mais il m’a paru qu’elles font peu de cas de nos officiers de marine.

Les hommes libres ne se montrent guère dans la rue ; ils se tiennent en profond négligé renfermés dans leurs maisons, où ils passent leur tems à fumer. Après-diner ils font la sieste, suivant la coutume des climats chauds ; et le soir les cartes occupent leur oisiveté. La lecture leur paroît à charge ; aussi