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n’est navigable ; ce qui oblige les habitans à charrier toutes leurs denrées par terre. La plus grande de ces rivières, qui passe à environ une demi-lieue du Cap, est la rivière Salée (de Zoute-rivier) ; nommée ainsi à cause du goût saumâtre de ses eaux : elle est par-tout guéable jusqu’à l’endroit même où elle se jette dans la mer.

On trouve au Cap en abondance tout ce qui est nécessaire aux besoins de la vie. Le froment y est excellent et en telle quantité qu’on en fait tous les ans des envois à Batavia. Les Anglois, mais sur-tout les François, viennent en prendre aussi beaucoup, tant en farine qu’en biscuit, pour leurs possessions dans les Indes. C’est sur des voitures traînées par des bœufs qu’on le transporte de l’intérieur des terres au Cap ; chaque voiture en charge mille livres pesant au moins : à mon dernier voyage chaque charge se vendoit quinze rixdalers ou trente-six florins de Hollande.

Il s’y fait beaucoup de vin de différentes espèces, qui toutes sont fort bonnes dans leur qualité. Le vin de muscadet et celui qu’on appelle steenwyn sont les meilleurs après celui de Constance. Il y en a encore une autre espèce qui approche du Madère ; mais il n’a ni son montant ni sa saveur. Le prix des vins