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égard que lorsqu’ils se trouveront à la vue de cette montagne, pour connoître s’ils peuvent venir mouiller en sûreté sur la rade, sans craindre quelque trahison. Il y a constamment un ou deux hommes de garde sur la Tête du Lion, lesquels quand ils voient venir quelque vaisseau de la mer, hissent aussitôt le pavillon, et donnent à connoître le nombre des bâtimens qui arrivent, en tirant le même nombre de coups d’une pièce de canon qu’on a transportée avec beaucoup de peine sur le haut de la montagne, et dont le bruit est entendu facilement au Cap par la répercussion du son contre la montagne escarpée de la Table.

On donne ce nom à cette montagne, parce qu’étant vue d’en bas, le sommet en paroît rase et uni comme une table. Cette montagne est la plus grande et la plus haute de toutes. Du côté du nord, qui est tourné vers la baie, elle est absolument à pic, jusqu’à la grande moitié de sa hauteur : de ce côté-là on n’apperçoit que rochers. Elle court un peu plus en talus vers le sud ; mais on trouve néanmoins de tems en tems des endroits absolument escarpés. La hauteur perpendiculaire au-dessus du niveau de la mer à l’est de la Table est de trois mille quatre cent seize pieds rhynlandiques et à l’ouest de trois mille quatre cent soixante-