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la latitude sud de 34° 26′, et par la longitude de 35° à l’est de Ténériffe. Cependant ce n’est pas cette pointe qui est le cap le plus méridio-

    de la Table depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de mai, aux vaisseaux qui se rendent dans l’Inde. Pendant les autres mois de l’année les vaisseaux de la Compagnie sont obligés d’aller mouiller dans la baie Falso, pour se mettre à l’abri des grandes tempêtes qu’on y éprouve alors. Le Cap est d’une autre utilité pour Batavia et Ceylan, ou plutôt pour l’Inde entière, où il fait passer tous les ans sept à huit cents lasts de froment, ainsi qu’une grande quantité de vins blancs, de beurre, de pois, de fèves, etc. Le Cap reçoit en retour de Batavia, du riz, du sucre, de l’arac et des planches, articles qui lui arrivent par un bâtiment destiné à cet effet, qu’on appelle le vaisseau de provisions. Outre la ville du Cap, il y a dans l’intérieur des terres plusieurs populeux villages, dont les principaux sont Swellendam, Stellenbosch, Drakestein, Graaf-Reynet,’t Swarte-Land,’t Land van Waveren et la baie Falso, qui tous paient des redevances à la Compagnie, et sont tenus de porter dans ses magasins une certaine quantité de productions du pays à un prix fixé. Cependant, malgré la fertilité de la colonie et sa position avantageuse pour le commerce avec les autres nations maritimes, elle est et sera toujours fort à charge à la Compagnie. Suivant le gouverneur-général Mossel, la population de toute la colonie montoit, en 1753, à neuf cents âmes. Il portoit le total des dépenses à 404, 000 florins, et celui des revenus à 140, 000 fl. ; ce qui offre un déficit de 264, 000 fl. ; mais en 1779 cette différence se trouva plus considérable encore, quoique les revenus eussent été plus forts. Les dépenses allèrent cette année-là à 505, 269 fl., et les revenus à 195, 168 fl. ; de sorte qu’il y eut une perte de plus de 300, 000 fl. pour la Compagnie ; ce qui provenoit de l’augmentation de la milice ; et comme depuis cette époque on a multiplié les forces de terre de la colonie, il est à présumer que le déficit est encore bien plus grand aujourd’hui.

    (Note du traducteur.)