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tans de l’eau potable ; car, pendant la saison sèche, celle du Gange est rendue saumâtre par le flux ; tandis que ce vivier en fournit qui est fort agréable et fort douce. La quantité de sources qu’il y a à Calcutta fait que l’eau y est presque toujours à la même hauteur. Ce vivier est entourré d’une clôture ; il n’est permis à personne de s’y baigner, mais tout le monde peut y puiser de l’eau à volonté.

Près de ce vivier est un monument en pierre, érigé à la mémoire de trente Anglois, tant hommes que femmes, que le nabab, lorsqu’il prit Calcutta, fit renfermer dans une maison, où ils moururent tous de faim, excepté une seule femme, à qui on rendit la liberté sur la prière qu’en firent ces infortunés. Le nabab fit murer les portes et les fenêtres de cette maison et les abandonna ainsi à leur désespoir. Un peu plus haut on trouve le court ou palais de justice, lequel renferme dans le haut deux belles salles destinées à donner des fêtes et des bals. Dans une de ces salles pendent les portraits en pied du roi de France régnant et de la défunte reine : ils y ont été apportés par les Anglois, lors de la prise de Chandernagor, pendant la dernière guerre. Près le palais de justice est la comédie, où des amateurs donnent, de tems en tems,