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Des contributions qu’ils tirent tous les ans de ces contrées ils allouent vingt-cinq lacs de roupies au Mogol et au nabab : ce qu’ils conservent pour eux-mêmes monte au moins au double. Cette somme est employée à l’entretien de leur milice qui est fort considérable ici, et dont on faisoit monter, en 1770, le nombre à quatre mille soldats européens et trente-cinq à quarante mille sipahis.

Quoique les Anglois se gouvernent en maîtres au Bengale, et qu’ils en tirent tous les revenus, ils ont néanmoins assez de politique pour laisser au grand Mogol toutes les apparences extérieures de la souveraineté. Celui-ci en confie le gouvernement au nabab ; mais ce dernier est nommé par les Anglois, et n’ose absolument rien entreprendre sans leur en avoir donné préalablement connoissance. Pour cet effet ils ont soin d’avoir près de lui une personne qui tient le second rang dans le conseil de Calcutta, et qui préside au conseil du nabab. C’est par ce moyen que tout s’y passe conformément aux volontés du conseil de Calcutta. Celui qui occupe ce poste éminent porte le nom de chef du dherbar ; et sa puissance est si illimitée que le titre de vice-roi lui appartiendroit beaucoup mieux qu’au nabab même, qui doit tous les matins se rendre chez